De la Pologne à la France, un transgénérationnel sans frontière

Depuis l’âge de 30 ans, je suis en recherche d’un passé familial hermétique à toute obtention d’informations
concernant ma famille maternelle. D’une psychogénéalogiste lyonnaise à de nombreux stages en
constellations familiales avec une élève de Bert Hellinger, j’ai avancé d’un pas. Des informations révélaient
certaines tensions familiales, sur quelques générations, restées sans sens pour moi, à l’époque. C’est grâce
à la Psychanalyse corporelle® que je peux aujourd’hui éclairer tout un pan de mon histoire familiale, dans
une lumière de compassion et d’amour. Après un an et demi de cure psychanalytique, faite de spasmes,
de lapsus corporels, de tensions libératrices de mon histoire, ancrées au plus profond de ma mémoire
cellulaire, la porte s’ouvre, le sens apparaît. Je viens vous raconter le récit très intime de mon histoire
transgénérationnelle. J’ose livrer ce précieux témoignage à toute personne désireuse d’un tel voyage, pour
ne plus jamais croire à l’impossibilité d’une paix, grâce à ce message.
« Je suis un petit bébé de deux jours, né dans un hôpital tenu par des sœurs dans les années 70. Elles m’ont
lavé et bandé tout le bas du corps, comme le voulait la coutume à cette époque. C’est insupportable, j’ai
besoin de voir ma maman. Je suis comme une étoile qui veut rejoindre son soleil. Je suis trimballée dans
un landau métallique à 4 roulettes dont une vacille. Ce monde terrestre semble imparfait. Arrivée dans le
box de ma maman qui fait office de chambre, je la sens cette jeune et belle maman, bien occupée à ses
pensées tournées vers mon papa. Elle fait son show pour être vue. Le bébé que je suis est une éponge
qui absorbe toutes les informations et émotions. Qu’elle semble souffrir à l’intérieur d’elle, ma maman ! Je
suis désespérée car c’est l’Amour que je viens lui amener. Pas le petit amour de nos élans humains, mais
le Grand Amour du vibrant Divin. Il est encore en moi, petit bébé sorti du ventre maternel. Je me tords dans
tous les sens pour qu’elle me voie, jusqu’à me dresser devant elle, en lui montrant mon plus beau visage.
Elle n’en veut pas, elle me rejette ! Rien de bien spectaculaire, juste une petite main tendue repoussée en
douce que seul le bébé peut percevoir. Mes doigts menus s’en souviennent. J’avais tiré ses cheveux pour
la faire réagir. Elle remonte sa mèche en regardant mon papa et la sœur, l’air de rien. Je suis inexistante.
Les humains ont tellement à faire, habillés de faux-semblants, tellement à raconter, qu’ils ne voient pas ce
petit bébé, rempli de vérité et d’Amour prêt à tout pour leur offrir le ciel.
Mon corps est rentré dans la peau du bébé, a mimé maintes fois la scène. Maintenant, c’est l’heure. Au
sommet de mes tensions corporelles résonnent les mots qui sonnent la délivrance de mon histoire sans
sens. Ma mère a pensé avorter ! Toute jeune de moins de 20 ans, pas la majorité à l’époque, elle ne me
voulait pas. L’histoire se répète. Sa propre mère a dû avorter d’une fille conçue avec un Allemand, puis
elle fut envoyée de Pologne en France par son père. Et comme une valse à plusieurs temps qui se répète
incessamment, ma grand-mère a tenté d’avorter de ma mère avec une aiguille à tricoter. Un mari traînant
dans le couloir, devenu menaçant, avait empêché cet accident.

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Juillet – Août – Septembre 2023 Ref lets n° 48 33

Par la porte du matin se cachait un copain, un copain si méchant qu’il aida un Allemand. Par
la porte du midi, se cachait un ennemi, un ennemi si gentil, qu’il en fit son ami. Par la porte du
soir s’oubliait une armoire, une armoire si bizarre qu’il en fit son miroir. Par la porte du savoir,
se cachait quelque part, je ne peux vous le dire car le savoir n’est pas tout ce qu’on peut
croire, écrivait ma fille aînée de 7 ans dans un trait d’inspiration. Notre fille cadette avortera
à 16 ans d’un enfant conçu avec un jeune homme allemand.
Sur ce tatami coloré, j’ai vu le monde de ma maman. Pouvait-elle faire autrement ? Son
regard vitreux rempli des souffrances passées, refusant mon regard faisant miroir à son
histoire, est devenu très furtivement clair. Elle a tant souffert. À chaque bêtise, une mèche
de cheveux tirée par sa maman polonaise, pour lui faire mal et la dresser à être bien sage.
C’est une longue chaîne « d’inexistantes » qui doivent se tenir à carreau, tentant par leurs
comportements de cacher leurs souffrances. Ô combien j’ai dû toujours montrer la belle
vitrine pour tenter d’attirer l’attention sans jamais montrer de signe de faiblesse !
5 mars 2023. Mon engagement corporel a livré ses images inspirées du passé : du tréfonds
des yeux de ma mère, jamais face aux miens, est apparu le sens. Elles sont là avec moi, ma
petite maman et ma chère grand-mère que je n’ai jamais connue. Je suis leur prolongement.
Je viens de comprendre dans tout mon corps ce qu’est une chaîne transgénérationnelle.
Magnifique psychanalyse corporelle qui invite à la miséricorde, point d’orgue à ma quête
lumineuse de vérité et de paix.

N.G.